La vie Montmartroise de Frédéric
Gérard dit le père Frédé
Vers 1900 sa vie Gabinienne mise entre parenthèse, il commença sa vie de bohème à Montmartre. Frédéric Gérard était
un habitué des rues de Montmartre qu'il arpentait avec son âne " Lolo
" en qualité de vendeur de quatre saisons. En 1901, pour
exercer ses talents de chanteur et de
guitariste, il reprend à bas prix un cabaret fondé en 1900 par
l'anarchiste Gilbert Lenoir, Le Zut, au 28 rue de Ravignan, nommé
ainsi en hommages aux zutistes de Charles Cros.
Il arrive au Lapin Agile en
1903 avec son âne "Lolo " qu'il utilise pour vendre du poisson dans
les rue de Montmartre pour compléter ses revenus.
Chaque matin
à l’aube, déguisé en pêcheur breton, il allait se ravitailler aux Halles. Il en
revenait avec son âne Lolo chargé de paniers pleins de poissons. À leur réveil,
les ménagères l’entendaient crier la marée dans les ruelles.
Le voici devant le Lapin Agile montrant quelques-unes de ses
œuvres à Marguerite, dite Margot fille de sa nouvelle compagne, et future Madame Mac Orlan.
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Le
père Frédé, potier le
matin, chansonnier le soir, anime
les soirées du cabaret, il chante et fait chanter les uns, déclamer les autres,
chacun récite ou reprend en chœur
les chansons populaires.
Aristide Bruant, toujours
client régulier du Lapin Agile se lie d'amitié avec le tenancier, et
lorsque le bâtiment est promis à la démolition en 1913, il le rachète et laisse
« Frédé » en assurer la gérance et l’animation.
Sa forte personnalité imprime une
impulsion déterminante au cabaret et donne une nouvelle vie au Lapin Agile.
Le lapin
Agile devient le temple des chansonniers et des artistes , c’est le lieu de
rendez-vous des écrivains, poètes et peintres montmartrois jusqu'à 1914 :
Picasso, Utrillo, Derain, Braque, Modigliani, Guillaume Apollinaire, Max Jacob,
André Salmon, Pierre Mac Orlan, Francis Carco, Roland Dorgelès, Gaston Couté,
Jules Depaquit, Caran d'Ache, Forain, Jehan Rictus, Charles Dullin….
Mais
les artistes ne sont pas seuls à fréquenter le Lapin Agile : ils côtoient des
anarchistes du Libertaire, avec lesquels la cohabitation est parfois tendue, et
surtout des criminels venus du Bas Montmartre et du quartier de la Goutte d'Or.
La tension devint plus vive encore à partir du moment où Frédéric Gérard, qui
voulant créer une clientèle d'artistes, décida de chasser ces voyous indésirables.
Il n’était pas rare que des coups de feu furent tirés dans son cabaret !!!
Dans
son roman Le Château des brouillards, Roland Dorgelès mentionne ces
incidents. La violence devait atteindre son paroxysme en septembre 1911,
lorsque l’ainé des garçons de Frédé, Victor fut abattu d'une balle dans la tête
derrière le bar à l’âge de 25 ans!!!
Frédé, inspire le
personnage de Frédéric du "Quai des Brumes" de Mac-Orlan porté au
cinéma par Carné. Une bagarre mémorable se retrouve également dans le film,
celle qui éclate un soir de 1902, dure toute la nuit et se termine par un
véritable siège à la suite duquel le cabaret est fermé par la police.
Une partie du film
a été tournée au Lapin Agile, mais c'est bien de la bagarre du "Zut"
qu'il s'agit...
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Frédé et Lolo à saint Cyr |
À partir de 1912 le groupe d’artistes
habitués au Lapin Agile, admirateurs de Frédé quitte la butte en fin de semaine
pour se transporter en bande jusqu’à Saint-Cyr sur Morin, non pour y respirer
l’air pur, mais pour retrouver à l’auberge de « l’œuf dur », l’ambiance
festive du cabaret montmartrois, fermé
le dimanche.
Auberge de l'oeuf dur 2014
Mais la guerre arrive, beaucoup d'artistes sont mobilisés, certains ne
reviendront pas.
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Bruant et Frédé |
La vie montmartroise est en veilleuse et après la guerre, elle sera concurrencée
par Montparnasse... Paulo, le fils de Frédé va prendre la relève en 1922 quand
Bruant qui a fait de lui son élève et lui a appris à chanter ses poèmes, lui
cède le Lapin.
Frédé voit peu à peu disparaître le vieux Montmartre et pousser les
immeubles sur les cabanes du Maquis.
Son
fils anime avec succès le Cabaret du Lapin , sa santé se dégrade , Lolo gravit
plus difficilement les rues en pente, Frédé décide, alors, de se retirer à
Saint-Cyr sur Morin, dans sa maison des Armenats.
Au cours de ses vagabondages, Lolo tombe dans le petit Morin et se noie ;
certains racontent qu’il a voulu retrouver une ânesse sur l’autre rive,
d’autres diront que dépressif d’avoir quitté la vie de bohème montmartroise il s’est
suicidé, mais ce qui est sûr c’est qu’il est enterré dans la propriété de Frédé
aux Armenats.
La maison des Armenats 2015 |
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