samedi 2 novembre 2013

le canular de BORONALI (1880-1910)


Lolo, un âne Gabinien, est devenu célèbre grâce à l’un des canulars de l’histoire de l’Art, orchestré en 1910 par Roland Dorgelès, ancien élève des  Beaux-Arts.  Adversaires de la peinture moderne il  désire faire un pied de nez aux moralisateurs et critiques de la peinture non académique.

Roland Dorgelès expose au salon des indépendants une toile titrée «  "Et le soleil s'endormit sur l'Adriatique" »  titre noté par l'huissier dicté par Roland Dorgelès ( Réf Bouquet de Bohème) peinte par un peintre italien, jusqu’alors inconnu, Joachim-Raphael Boronali, par ailleurs théoricien d’un mouvement artistique « L'excessivisme » 
© Espace culturel Paul Bédu,  Milly-la-Forêt (Essonne) Donation Paul Bédu 1990

En réalité ce manifeste a été écrit par Roland Dorgelès et l’auteur du tableau est Lolo l’âne de Frédéric Gérard dit « Frédé », patron de Lapin Agile.
Les complices, André Warnod (journaliste au Comoedia et critique d’art), Jean Aubry (secrétaire du journal Fantasio), Pierre Girieud, (peintre montmartrois)  et Charles Genty (dessinateur humoristique) ont convaincu  Frédé de leur prêter son âne nommé «Lolo ». Pour cette mystification, ils attachèrent un pinceau à la queue de l’âne  et le trempèrent  alternativement dans différents pots de peinture. Lolo n’eut plus alors qu’à en barbouiller une toile placée près de sa croupe pendant que Frédé lui offrait des gâteries, carottes et même des feuilles de tabac, pour accélérer le mouvement caudal....

 Cette séance de peinture eut lieu devant le cabaret du Lapin Agile, sous le contrôle d’un huissier, On  s’exclamait des moindres coups de queue d’Aliboron. Une fois l’âne fatigué de cet exercice, le tableau fut signé J-H Boronali, anagramme d’Aliboron (l’âne des fables de la Fontaine).
Boronali peignant le tableau 


Voir l’Illustration 2 avril 1910  page 327

Ce canular  a fait beaucoup de bruit à l’époque, mais qui sait que Lolo, avant d’être artiste malgré lui,  a pendant de longues années, tiré la carriole  de Louise sage-femme à Gagny,  pour se rendre chez les femmes prêtes à accoucher  ou pour aller au lavoir, laver le linge.
En effet, trente ans plus tôt, après la mort de son mari,  Louise Gérard née Moissié, vient s’installer à Gagny, avec son fils ainé, Frédéric,  né à Athis Mons le 24 décembre 1860. Ils s'installèrent 7 rue Raffin, dans le bâtiment qui est actuellement une boulangerie à l’angle de la rue Jean  Jaurès (anciennement rue de Villemomble) et la rue Raffin. Sur la façade côté rue Raffin, une  grande fresque était peinte expliquant la création du monde : une ribambelle de bébés joufflus sortant d’une plate-bande de choux. Frédéric l’avait peinte pour rappeler le métier de sa mère.
Autoportrait de Frédéric GERARD
Après des études à l’école des arts, décoratifs,  il créait des motifs pour la fabrication de papier peint.

















autoportarit

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Lorsqu’il accompagnait sa mère au lavoir, il suivait du regard une belle jeune fille de 17ans , au déhanché, qui ne le laissait pas indifférent, lorsque revenant du lavoir, elle remontait la rue de Neuilly en poussant la brouette sur laquelle s’entassaient les paniers de linge.

Pauline Gacogne
Il finit par aborder Pauline, fille Gacogne, vieille famille d’agriculteurs de Gagny. leur mariage eut lieu le 2 juin 1883 à la mairie de Gagny


Ils vécurent à Gagny pendant trois ans et c'est là que sont nés ses deux premiers enfants , Hélène et Victor, puis ils déménagent à Villemomble pendant quelques années, es deux  fils , Fernand et Paul y naissent, avant de revenir à Gagny . 







Sa femme Pauline obtint le poste de gardienne de l’école du centre et ses garçons Victor, Marcel, Fernand, et Paul aidaient leur mère à balayer les classes, à allumer les poêles avant l’arrivée des élèves.


À la fin du siècle, Frédéric quitta son métier de dessinateur pour une vie de bohème. Lolo l’accompagna pour tirer sa charrette de marchand de quatre saisons puis de poissons. Il faisait, alors, des allers et venues entre Paris et Gagny, puis ils  furent de moins en moins nombreux.  

Ils divorcèrent en 1911, car Frédé, artiste dans l’âme, préférait la vie montmartroise et sa compagne Berthe Serbource gérante du Lapin Agile sur la butte à Pauline, qui termina sa vie à Gagny où elle est inhumée au cimetière du centre avec la mère de Frédéric.




( à suivre)